Auteur
Dr. Brett J Skinner, Ph.D.
Introduction
Le 15 mars 2013, le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec a annoncé des changements à la politique de remboursement des médicaments de la classe des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), lesquels sont couverts par le régime public d’assurance médicaments (RGAM) du Québec. Ces changements entreront en vigueur le 1er octobre 2013. La nouvelle politique fixe un prix maximum payable (PMP) pour tous les médicaments de la classe des IPP à 0,55 $ par unité et pénalisera financièrement les patients qui ne changent pas pour un IPP dont le prix est égal ou inférieur au PMP. Cette politique fait suite à une étude et une recommandation de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), lequel a jugé que tous les IPP sont équivalents sur le plan thérapeutique bien qu’ils soient différents sur le plan biochimique. L’INESSS a estimé que le RGAM économiserait de 32 millions à 41 millions de dollars annuellement suite à ce changement.
Objectif
En 2003, la Colombie-Britannique a mis en œuvre une politique sur les IPP qui, tout comme au Québec, incitait financièrement les patients à remplacer inutilement leur IPP d’ordonnance par un autre chimiquement différent et moins coûteux. Skinner, Gray et Attara (2009) ont évalué l’impact économique découlant de la politique sur les IPP en C.-B. L’objectif de la présente étude est d’extrapoler les résultats observés en C.-B. de 2003 à 2005 en vue de les adapter à la situation au Québec de 2014 à 2016 et de prédire les répercussions sur les coûts totaux pour le système de santé au Québec.
Données
Les données sont tirées des résultats de Skinner, Gray et Attara (2009). Les données les plus récentes (en date de 2012) sur le nombre de citoyens québécois qui utilisent des IPP ont été obtenues de l’INESSS (2013). Les données sur les dépenses de santé supplémentaires ont été obtenues de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) (2012).
Résultats
Selon l’INESSS, des 681 644 patients qui prennent des IPP et qui sont assurés par le RGAM, 196 023 patients seront incités financièrement à une substitution thérapeutique à cause du PMP. En supposant que l’expérience du Québec dans les trois premières années complètes suivant la mise en œuvre du PMP (de 2014 à 2016) sera proportionnellement comparable à celle vécue par la C.-B. (de 2003 à 2005), le total des coûts nets potentiels prévus pour le système de santé découlant de la substitution thérapeutique des IPP pourrait atteindre environ 49,8 millions de dollars. Si la politique atteint un taux de conformité de 100 % chez le groupe de patients touchés par l’incitatif financier relatif au changement d’IPP, les coûts nets pourraient s’élever jusqu’à 162 millions de dollars. Selon les deux scénarios, les coûts estimatifs sont nets de toutes économies associées au PMP chez ce groupe de patients.
Conclusions
Tout comme pour la C.-B., la politique de substitution thérapeutique du Québec pour les IPP est conçue pour encourager les patients à remplacer leur médicament d’ordonnance, pour des raisons non médicales, par un médicament moins coûteux qui n’est pas biochimiquement équivalent. Si l’expérience du Québec s’avère semblable à celle de la C.-B., on devrait s’attendre à ce que la politique entraîne d’importants coûts nets additionnels pour le système de santé par suite de l’utilisation accrue d’IPP, de services médicaux et de services hospitaliers.